Depuis des décennies, la France est confrontée à des défis persistants liés à l'antisémitisme. Malheureusement, l’attaque du Hamas en Israël du 7 octobre n'a fait que souligner la profondeur de ce problème et a ravivé les craintes au sein de la communauté juive .
Les actes antisémites ont bondi de 1 000 % en France après l'attaque du 7 octobre. Durant les trois mois qui ont suivi, leur nombre a égalé celui des trois années précédentes cumulées. 12,7 % des actes ont eu lieu en milieu scolaire, dont une majorité au collège.
En 2012 déjà, après l'attentat contre une école juive de Toulouse où trois enfants et un enseignant avaient été tués par Mohamed Merah, une hausse de 200 % des actes antisémites avait été constatée. La progression avait été de 300 % après l'attaque jihadiste contre le supermarché Hyper cacher, en 2015.
Tout d'abord, il est important de souligner que tous les musulmans ne sont pas antisémites, et que l'antisémitisme ne caractérise pas intrinsèquement l'Islam. Comme dans toute communauté, il existe une diversité de croyances, d'opinions et de comportements parmi les musulmans en France. Réduire l'ensemble d'une communauté à des stéréotypes simplistes est non seulement injuste, mais aussi contre-productif dans la lutte contre l’antisémitisme.
Cependant, il est indéniable qu'il existe des cas d'antisémitisme au sein de certaines franges de la communauté musulmane en France. Les attaques contre des synagogues, des écoles juives et des individus juifs sont des réalités tragiques qui ne peuvent être ignorées. Ces actes odieux sont souvent motivés par des tensions politiques au Moyen-Orient.
Depuis octobre 2000, tous les experts s’accordent sur une recrudescence brutale de l’antisémitisme. L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) publie depuis 2006 des documents de travail qui constatent une recrudescence des menaces antisémites dans tous les États de l’Union européenne. Ces rapports concluent que les menaces sont désormais plurielles : elles n’émanent plus seulement de l’extrême droite, mais aussi d’une partie de la gauche radicale et de l’Islam. Ces mêmes rapports soulignent également que dans de nombreux pays européens, l’augmentation des incidents antisémites serait davantage le fait de jeunes musulmans que de l’extrême droite.
Il suffit de lire la presse de certains pays et de regarder certaines chaines arabes pour comprendre qu’un discours antisémite qui explique que l’Occident se trouve sous la domination des lobbys juifs a infusé dans l’inconscient de certains Musulmans.
En juillet 2014, une centaine de jeunes, dont beaucoup portent déjà les couleurs du Hamas, attaquent une synagogue remplie de fidèles rue de la Roquette à Paris en criant « Mort aux Juifs »
Il est manifeste qu’un redéploiement de l’antisémitisme s’opère aujourd’hui, sous couvert d’antisionisme. Le conflit israélo-palestinien offre aux antisémites un champ d’interprétation permettant de crédibiliser les vieux systèmes d’accusation qui ont visé les Juifs durant des siècles.
Les Musulmans et la laïcité
En novembre 2023, l’institut IFOP a réalisé pour Elmanya.TV un sondage en ligne auprès d’un échantillon de 1 022 personnes, représentatif de l’ensemble de la population vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans ou plus .
Le degré de religiosité des Musulmans est trois plus élevé que chez les adeptes des autres religions : 66% des Français musulmans se disent « croyants et religieux » contre à peine 18 % en moyenne chez l’ensemble des Français des autres religions.
Pour 75% des Musulmans interrogés, il y a une seule vraie religion contre 20% en moyenne chez les adeptes des autres confessions.
76% des Musulmans pensent que c’est plutôt la religion qui a raison lorsque la religion et la science s’opposent sur la création du monde, contre 19% en moyenne chez l’ensemble des Français.
78% des Musulmans ont le sentiment que la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers l’Islam.
La majorité des Musulmans soutient une remise en cause de la loi de 1905 et d’autres dispositifs empêchant l’expression vestimentaire de leur religion dans l’espace public.
75% des Français musulmans souhaitent un retour au régime de concordat appliqué avant le vote de la loi de 1905.
Alors que l’interdiction des abayas fait l’objet d’un quasi-consensus dans la population générale (81%) ; c’est tout le contraire chez les Français de confession musulmane qui sont à peine 28% à la soutenir.
Suite à l’assassinat de Dominique Bernard, poignardé à mort le 13 octobre dernier à Arras, 16% des Musulmans (contre 5% en moyenne chez l’ensemble des Français) n’exprime pas une condamnation totale de l’assassin.
Les liens entre le wokisme et l’Islam radical
A l’origine, le wokisme repose sur la lutte contre les discriminations et les inégalités mais le fondamentalisme religieux se sert de ce mouvement afin de faire avancer son propre agenda militant.
La base de la pensée woke est la « théorie critique de la race ». Cette théorie interprète le monde selon un prisme dominants/dominés. Selon les adeptes de cette idée, les Musulmans sont placés dans la case « dominés ». Qui plus est, les wokes font un dangereux amalgame entre les Musulmans et l’Ìslam politique, ainsi beaucoup de féministes wokes ne se prononcent pas sur la question du voile pour ne pas offenser les Musulmanes. Comme les terroristes du Hamas sont musulmans, la matrice woke les place dans le groupe des « dominés ».
Le wokisme a tendance à essentialiser les identités, ce qui peut conduire à une hiérarchisation des oppressions et à minimiser les expériences des minorités juives. Par exemple, certains militants wokes minimisent ou ignorent les préoccupations des Juifs en matière de sécurité et de lutte contre l'antisémitisme, au nom d'autres priorités de justice.
Lutter contre l’antisémitisme au sein de la communauté musulmane
La lutte contre l'antisémitisme au sein de la communauté musulmane en France nécessite une approche multidimensionnelle qui combine des mesures répressives, des efforts éducatifs et des initiatives de sensibilisation.
Éducation et sensibilisation : Il est essentiel d'investir dans des programmes éducatifs visant à sensibiliser les membres de la communauté musulmane sur l'histoire des Juifs en France, sur les préjugés et les stéréotypes antisémites,
Dialogue inter religieux : Encourager le dialogue et la coopération entre les leaders religieux musulmans et juifs peut contribuer à promouvoir la compréhension mutuelle et à désamorcer les tensions.
Leadership communautaire : Les leaders religieux et les figures d'autorité au sein de la communauté musulmane doivent prendre position contre l'antisémitisme et condamner fermement les actes de haine.
Renforcement de la cohésion sociale : Investir dans des programmes visant à renforcer la cohésion sociale et à promouvoir l'intégration des communautés musulmanes peut contribuer à réduire les sentiments d'aliénation et de marginalisation qui peuvent conduire à l'antisémitisme.
Application rigoureuse de la loi : Les autorités doivent prendre au sérieux les actes antisémites et veiller à ce que les responsables soient traduits en justice. Une application rigoureuse de la loi envoie un message clair selon lequel l'antisémitisme ne sera pas toléré dans la société.
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