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Au Canada, entre Winnipeg et l’Ukraine : une réflexion sur la montée des extrêmes

  • gozlancontact
  • 14 sept.
  • 2 min de lecture

 

J’ai eu l’honneur d’être invité, en tant que colonel d’Europol, à l’Université du Manitoba, à Winnipeg (Canada), pour une conférence consacrée à la montée des extrêmes Mon sujet était  le sort des enfants ukrainiens enlevés et déportés par la Russie. Cette rencontre a permis de mettre en lumière l’ampleur d’un crime qui ne doit laisser personne indifférent. Mais elle a également révélé un autre sujet brûlant, qui traverse toutes nos sociétés : la montée de l’extrême droite dans le monde.

 

Au fil des échanges avec les étudiants, les chercheurs et les citoyens présents, une inquiétude est revenue sans cesse : pourquoi, partout, observons-nous cette progression des idéologies extrémistes, autoritaires et intolérantes ? Pourquoi ces discours, que nous pensions relégués à l’Histoire, séduisent-ils à nouveau une part croissante des populations ?

 

La question est fondamentale, car elle dépasse les frontières. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, les mêmes symptômes apparaissent : rejet des institutions traditionnelles, perte de confiance dans les élites, désillusion face à la mondialisation, peur des crises économiques, sociales, migratoires et identitaires. Mais peut-être existe-t-il une explication plus dérangeante encore.

 

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Peut-être que la montée de l’extrême droite n’est pas seulement le fruit de ses propres forces, mais aussi la conséquence directe de l’existence des extrêmes de l’autre côté. Lorsque certains imposent une vision radicale, idéologique, parfois déconnectée des réalités quotidiennes des citoyens, ils nourrissent mécaniquement la colère et le ressentiment. Quand le débat devient binaire, quand la nuance disparaît, quand toute opinion modérée est balayée, alors la société se polarise. Dans ce vide, les extrêmes prospèrent, se renforcent mutuellement et finissent par occuper tout l’espace politique et médiatique.

 

C’est un engrenage dangereux. Chaque fois que l’on tolère ou justifie un extrême, on prépare le terrain à l’émergence de son opposé. L’histoire du XXe siècle nous l’a appris à un prix exorbitant. Et pourtant, nous semblons condamnés à répéter les mêmes erreurs, comme si nous n’avions rien retenu.

 

Parler des enfants ukrainiens à Winnipeg m’a rappelé que ces phénomènes ne sont pas séparés. Les enfants arrachés à leur pays subissent la violence d’un projet idéologique extrême, celui d’un pouvoir qui nie leur identité pour les remodeler selon ses propres dogmes. Dans nos démocraties, la montée des extrêmes traduit la même logique : la négation de l’autre, l’écrasement du dialogue, la volonté d’imposer une vision unique.

 

Alors, à quoi répond la montée des extrêmes ? Elle répond à la peur, à la colère, mais aussi à l’arrogance et à l’aveuglement de ceux qui refusent d’écouter. Tant que nous ne réhabiliterons pas la nuance, la justice sociale et le respect des différences, tant que nous ne recréerons pas des espaces de dialogue sincère, nous continuerons à voir ces extrêmes se nourrir les uns les autres.

 

La véritable urgence n’est pas seulement de constater cette montée, mais de briser ce cercle vicieux. Politiques, intellectuels, citoyens : chacun a une responsabilité. Car la démocratie n’est jamais acquise. Elle se défend, chaque jour, face aux extrêmes d’où qu’ils viennent.

 

 

 

 


 


 

 
 
 

1 commentaire


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17 sept.

Très belle analyse 👏🏽

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